Comment donner du relief à vos publications ?
Cette question, vous vous l’êtes sans doute déjà posée.
Le meilleur moyen de scander au mieux votre texte est sans doute d’utiliser de bonnes combinaisons typographiques entre vos entêtes et vos paragraphes. Les ressources de la typographie moderne sont immenses, mais tout comme Cyrano le résume fort bien, il faut savoir les combiner avec panache et avec style.
Il est donc important de faire une réelle distinction entre deux sortes de texte qui sont des ressources pour votre composition, le texte de labeur et celui de titrage.
- Le texte de titrage est utilisée dans les titres. Il autorise plus de fantaisie et de liberté. Un caractère de titrage est destiné à composer un titre ou quelques phrases, des textes dans des tailles assez grandes. Ce choix doit être impactant (il l’est naturellement par la différence de corps c’est-à-dire de taille) et doit participer à la signature visuelle de votre ouvrage, publication ou article Web.
- Le texte de labeur est utilisé compose les paragraphes et est utilisé pour le texte courant. Le corps du caractère utilisé est le plus souvent compris entre 8pt et 14pt. Le choix de ce caractère va déterminer le confort et le plaisir de lecture de votre texte publié.
Le numérique et le web a démultiplié les usages de la typographie et démocratisant l’emploi de différentes fontes pour le meilleurs, mais parfois pour le pire. Typographe reste tout de même une métier ou à défaut une aptitude à laquelle tout le monde sera plus ou moins sensible mais que peu de professionnels maîtrisent avec bonheur.
Cet article vous propose de démeler ces usages afin d’être plus conscient de vos choix.
Comment choisir la typographie de vos textes et titres ?
Le meilleur moyen d’étudier cette question est sans doute de connaitre les grandes familles typographiques. Je ne me lancerai pas dans la classification Vox-Atypi (regardez ce terme sur le web pour comprendre comment on classe les différentes familles typographiques). Je n’en n’aborderai que trois caractéristiques, dont deux majeures pour nous que comprenions mieux comment faire un choix.
TYPOGRAPHIES AVEC EMPATTEMENT
Évoque : haut de gamme, traditionnel, chic, mais peut manquer de modernité selon les cas.
Une police avec empattement ou police serif présente de petites terminaisons angulaires sur la base et l’extrémité des lettres. On les remarque tout particulièrement sur la fonte Trajan par exemple, laquelle est directement inspirée de l’inscription sur le piédestal colonne Trajane à Rome (sise à quelques centaines de mètres du Colisée).
L’empattement serait naturellement dû à l’utilisation de l’outil (ici un ciseau de tailleur pierre). Ce « défaut » inhérent de l’outil provoque néanmoins une meilleure lisibilité en accrochant mieux la lumière dans le cas d’une gravure lapidaire, et en servant de ‘rampe visuelle’ sur laquelle l’oeil s’appuie et glisse pour identifier les caractères pour le texte courant d’un paragraphe imprimé (consulter d’ailleurs vos livres de bibliothèque : la plupart utilisent une fonte sérif).
La quasi-totalité des polices utilisées en imprimerie était à empattement avant la première guerre mondiale.
TYPOGRAPHIES SANS EMPATTEMENT
Évoque : esprit entreprise, modernité, rationnel, simplicité, mais peut manquer de chaleur dans certains cas
Avec l’avènement de mouvement comme le Bauhaus et la banalisation de l’objet écrit est né le caractère sans empattement (ou sans sérif). En rupture avec la forme classique, le sans sérif apporte un aspect plus contemporain et épuré. Dû à sa simplicité, le caractère sans empattement peut proposer plus de variété typographique.
Certains avancent que la police sans empattement est un peu moins lisible et que ce défaut peut servir à attirer d’avantage l’attention et la tension du lecteur.
On répertorie globalement cette forme typographique dans la famille des linéales. J’ai beau savoir que cette famille de fonte peut être un peu moins lisible, j’aime tellement les linéales que je confesse les avoir utilisées pour mes textes de labeur et de paragraphe.
La photo d’illustration est composé en caractère Din, développé en 1995 par Albert-Jan Pool ; cette typo est utilisée dans la signalétique allemande (aéroport et autoroute), preuve s’il en est que ce genre de fonte peut offrir une lecture aisée.
TYPOGRAPHIES SCRIPTES
Évoque : univers fait main, instinctif, personnel, décontracté, mais peut manquer de sérieux dans certains cas
Je ne vous ferai pas l’insulte de mener une explication détaillée sur les typos scriptes. Cette famille de typo peut servir dans le cadre d’un texte de titrage, mais sauf exception, elle demeure assez peu lisible pour du texte de labeur. Lorsqu’elles sont extrêmement bien fondues, certaines de ces typos offrent des variations contextuelles (regarder le A capital de l’illustration ci-dessus, qui varie) : selon la place de la lettre dans le mot, telle lettre n’aura pas le même tracé. C’est le cas de la Peoni Pro de Emily Conners qui comprends 1200 glyphes, ou encore de la Eye catching qui m’a servi pour la charte graphique de Mes ateliers SEO. Une typo scripte peut apporter de la fraîcheur à votre titre ou à votre logo, mais il faut que cela ne soit pas au dépend de sa lisibilité
Bonjour,
Votre travail est ludique pour beaucoup de graphistes, qui se posent certainement beaucoup de questions sur l’emploi des typographies à utiliser dans leurs publications. Je suis sûr que cela leur est très utile.
Les variations sur le thème de Cyrano sont sympas. Néanmoins, il persiste une faute typographique, le h après la lettrine doit être composé en petites capitales. Plus aucun journal ne s’astreint à cette règle, sauf le Canard Enchaîné.
Amicalement, Marc J. , vieux typographe.
Merci pour vos commentaires et votre appréciation de qualité Marc !
Trouver son identité au niveau des fontes n’est pas chose aisée. Le rendu en fonction de l’écran (rétine ou pas) et du navigateur (moteurs de rendu différents) varie très fortement je trouve…
J’ai essayé de diversifier les familles sur mon blog http://www.julienallart.me (en beta), je ne sais pas si mes choix sont pertinents et si le fait d’utiliser la fonte de « labeur » pour mes H2/H3 est une bonne idée… mais bon…
Bonjour Julien,
J’ai visité ton site et je me permets de te faire part de mes impressions.
Je suis une néophytes dans l’art de la typographie mais suis sans cesse à la recherche de l’élégance…
Donc voici mon partage sans prétention :
Je mettrais le texte en noir pour accentuer le confort de lecture.
Je te rejoins sur la question d’utiliser la fonte de « labeur » pour tes titres. Du coup, si l’ensemble est cohérent, il risque d’être un petit peu lassant à la longue. Hormis la taille qui varie, rien ne capte mon œil.
Ce serait peut-être intéressant de faire un essai allant dans le sens de ce qu’explique Fabrice. Qu’en penses-tu ?
Alors, prêt pour le semi-marathon du 8 mars… ;-)
Bien à toi.
Je suis toujours tout particulièrement tes analyses sur la typographie. Passionnant de voir tes 8 combinaisons sur le texte de Cyrano !
Merci pour cet article !